« Livre d’hiver », à Montgiscard (31) le 17 janvier
« Livre d’hiver », le salon du Livre de Montgiscard (Haute-Garonne), sixième du nom, se déroulera le dimanche 17 janvier, salle du Faubourg du Sers, de 10 à 19 heures (entrée libre).
C’est un des plus vivants salons du livre de la région toulousaine et il accueillera encore pour cette édition 2010, plus d’une cinquantaine d’auteurs).
Renseignements auprès de la librairie Ellipse, 251 route de narbonne. 31400 Toulouse. Tel : 05.61.55.49.57.
librairie.ellipses@wanadoo.fr
Le livre n’est pas une marchandise qu’on saucissonne…
Après les mauvaises nouvelles pour le livre (La fin de la Direction du livre et de la lecture : lire les brèves de décembre 2), une bonne, je crois : la justice a donné raison aux éditeurs face à Google.
Vendredi 18 décembre, le tribunal de grande instance de Paris a interdit en effet au groupe américain Google de poursuivre la numérisation et la diffusion d’ouvrages sans autorisation des auteurs et éditeurs. Si Google ne s’exécute pas dans le mois, il devra payer 10 000 euros par jour de retard. Estimant que Google avait commis des "actes de contrefaçon de droits d’auteur", le tribunal l’a aussi condamné à verser 300000 euros, au titre des dommages et intérêts, à La Martinière, troisième groupe d’édition français (propriétaire, notamment, des éditions du Seuil), à l’origine de la plainte. Le Syndicat national de l’édition (SNE) et la Société des gens de lettres de France (SGDL), alliés à l’éditeur français, recevront chacun un euro symbolique.
- Alain Absire est le président de la SGDL
Ce jugement était très attendu car l’affaire est d’importance. Je me souviens d’une discussion avec Alain Absire, au printemps dernier, le président de la SGDL alertant les uns et les autres sur le fait que « diffuser tout ou partie du contenu de nos livres sur Internet sans notre autorisation relève de la contrefaçon ». La SGDL a donc osé : elle est la seule association d’auteurs au monde à avoir attaqué Google devant les tribunaux pour atteinte au droit moral, et vient de gagner son procès. « En reconnaissant nos prérogatives, la justice nous donne raison, et nos confrères européens ne manqueront pas d’en tirer les conclusions qui s’imposent », dit-on à la SGDL.
Dans un article du « Monde » daté du 20 décembre, Cécile Ducourtieux et Thomas Wieder expliquaient :
« Le contentieux entre Google et les professionnels du livre, français et américains, remonte à 2004, quand la société californienne s’est lancée dans un vaste programme de numérisation de livres, inaugurant sur Internet un service gratuit - Google Books - permettant d’y accéder. Auteurs et éditeurs se sont alors aperçus que certains de leurs ouvrages étaient accessibles en ligne, en intégralité ou par extraits. (…) Google s’est défendu, affirmant ne diffuser, en l’absence d’autorisation des ayants droit, que de "courtes citations" des livres. Or "le droit français autorise ces courtes citations, mais uniquement si elles sont insérées dans des œuvres ou dans des travaux à visée pédagogique (thèse universitaire, article...). Ce qui n’est pas le cas du service Google Books", précise Yann Colin, l’avocat du groupe La Martinière. (…) »
Dans sa dernière lettre (36), la SGDL développe sa position en se demandant quel intérêt a aussi le lecteur dans la reconnaissance du droit d’auteur.
« En ces temps où l’extrait immédiatement livré sur écran a valeur d’oeuvre, il est à la mode de proclamer que la liberté de l’internaute a force de loi. Mais de quelle liberté s’agit-til pour des lecteurs exigeants ? Est-ce celle d’aborder chaque sujet, non en fonction de la pertinence des livres indexés, mais selon leur fréquence de consultation sur « Google Recherche de Livres » ? Est-ce le plaisir de voir l’esprit même de nos propres ouvrages altéré par une profusion de mots-clés qu’aucun d’entre nous n’a choisis ? Est-ce, par exemple, le désir de voir associé Amitiés et Rencontres de Jules Romain au site Internet www.meetic.com et autres sites sur le même thème ? À moins que ce ne soit la volonté de découvrir des contenus tronqués et démantelés qui modifient le sens d’une œuvre et font courir le risque à chacun de s’y référer en dépit du bon sens ? Ou bien est-ce la satisfaction d’accéder en un « clic » à des œuvres dégradées, telles Le rouge et le noir de Stendhal, dont la numérisation est de si mauvaise qualité que la lecture en devient impossible ? À moins que l’on n’ait la naïveté de croire que de tels usages favorisent l’achat des livres d’origine...
En nous permettant d’être financièrement indépendants de toute tutelle, le droit d’auteur nous rend libres de créer et d’exprimer la pensée originale qui nourrit le savoir et l’imaginaire collectifs. Seul son respect, tel que le consacre la condamnation de Google, sommé d’arrêter sa numérisation sauvage, sauvegarde la fiabilité de chaque livre. C’est lui qui maintient l’intégrité et l’universalité de notre patrimoine culturel. »
« Comme en poésie » a 10 ans
Jean-Pierre Lesieur, l’infatigable animateur de « Comme en poésie », fête les 10 ans de sa revue. Il vient de poster le numéro 40 : c’est plus de 400 poètes publiés, connus et inconnus, des peintres mis en valeur… 64 pages de poésie par numéro. Diffusée uniquement par abonnement au 2149 av du tour du lac 40150 Hossegor, 3 € le numéro, abonnement annuel 12 €, étranger 15.
Je reprends de lui, ci-dessous, un poème qui me parle en ces temps maussades et de bien peu de visibilité…
JE NE SUIS PAS DE CE PAYS
Je ne suis pas de ce pays
Où les tourterelles tombent en passant
Et les taureaux en mourant
Où les hommes ont des bérets
Pour dissimuler leur calvitie
Aux yeux des belles colombes.
Je ne suis pas de ce pays
Ne m’en excusez pas on nait ou on peut
Et jamais où l’on veut
On nait comme on peut
Dans les accidents de la vie et leurs aléas
Il n’y a pas de quoi s’en flatter
Tant on n’y est pour peu de choses.
Je ne suis pas de ce pays
Aucune région ne se vantera
De m’avoir fait homme de vie
Aucun pays ne me réclamera
La dime du souvenir ancestral.
Je suis homme du monde
Et de ces mers que parcourent
Les requins de la mauvaise foi.
De ces pousses-aux-crimes
Qui ont toujours un drapeau à défendre
Et un ennemi à défenestrer.
Je ne suis pas de ce pays
Et je vous demande à genoux
De ne pas m’en vouloir du tout
De me regarder comme l’étranger
Qu’on aime avoir à sa table
Même s’il n’a pas le même accent
La même couleur de peau
Les mêmes vêtements mordorés.
Je ne suis pas de ce pays
Je ne fais que passer.
Hygiénisme politique
Et dans le même « ordre » d’idée, un autre poème que m’adresse Catherine Lévy, romancière qui vient de publier « Le capucin de vos amours » . Sachant que « La cloche de dix heures » dont il est question, au Moyen Age aurait servi à chasser les juifs et les étrangers de Strasbourg qui devaient quitter la ville en l’entendant.
Les robes présidentielles ne suffisent pas à donner l’heure
Le glas sonnera la cloche de dix heures
L’étranger sera chassé et la cloche
Fantôme d’un Moyen Age ressuscité
Pointera son squelette revivifié
L’exclusion heurte les portes de la raison
La raison des hygiènes imposées
Emporte au loin les raisons de nos valeurs
L’horloge bien que décalée donnera à la cloche
L’ordre de sonner
La cloche sonnera
Il sera bientôt dix heures
Et les nouveaux feujs devront se volatiliser
Et la ville sera nettoyée des reubs
Et les spectres du passé reproduit librement pourront s’y promener
L’exclusion ouvre les portes des prisons
La guerre est à nos portes
Attisée par les haines venues de tous côtés
Pour que ne soit pas dit
La cloche a sonné
Il a été dix heures
Femmes
réveillez-vous
ne laissez plus la haine emplir les cœurs
Jamais plus ne laissez résonner les cloches de dix heures
Paysages d’hiver
- Un paysage d’hiver de Guy Bernot
Vous avez pu apprécier en maintes occasions sur ce site les photos de Guy Bernot, qu’il s’agisse de portraits ou de spectacles. Egalement ses « scènes de rue », inaugurées avec les dernières brèves de décembre.
Pour Noël, il nous offre un paysage… rafraichissant. Et quelques belles images que je n’ai pas résisté à l’envie de mettre en ligne (ci-contre)…
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